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Quand l’alarme s’emporte.

Ce qui pousse chacun d’entre nous à aller attendre des heures dans une salle d’attente bondée ou de prendre illico un rendez-vous avec son thérapeute préféré, c’est la douleur, ce sentiment très désagréable qui pousse autant l’homme que l’animal à un comportement particulièrement défensif. Tous autant que nous sommes, avons déjà vécu cet inconfort. Le fameux orteil sur un coin de table, une brûlure buccale à cause de notre café matinal, un accident de voiture, de vélo, des égratignures, des coupures et même des douleurs chroniques reliées à d’anciens accidents, traumatismes ou des mouvements répétitifs qui peuvent avoir des répercussions sérieuses sur notre système musculosquelettique. Qu’en est-il de la réponse physiologique et psychologique de notre corps pour le ressenti de la douleur? C’est un sujet très complexe dont toutes les réponses ne sont pas encore à notre portée.

La douleur est, selon L’association Internationale d’étude de la douleur (International Association for the Study of Pain – IASP, 2019), définie comme « Une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée ou ressemblant à celle associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle.». Le terme émotionnel est extrêmement important puisqu’il définit un paramètre souvent oublié dans le traitement et le contrôle de la douleur. La douleur est ainsi toujours une expérience personnelle qui est influencée à des degrés divers par des facteurs biologiques, psychologiques et sociaux. Le rapport qu’une personne a avec une expérience douloureuse doit être respecté en tout temps. Bien que la douleur joue généralement un rôle adaptatif, elle peut avoir des effets néfastes sur la fonction et le bien-être social et psychologique. La description verbale n’est qu’un des nombreux comportements pour exprimer la douleur; l’incapacité de communiquer ne nie pas la possibilité qu’un humain ou un animal non-humain éprouve de la douleur.

Il existe plusieurs types de douleurs. Tout d’abord, la douleur aiguë qui est définie selon l’OMS comme étant une douleur vive immédiate, et généralement brève (moins de 7 jours). Elle est causée par une stimulation nociceptive (récepteurs nociceptifs) de l’organisme, telle une lésion tissulaire, pouvant se produire sous la forme d’un stimulus thermique (contact de la peau avec du feu) ou mécanique (un pincement, un coup). C’est un système permettant à l’individu de rechercher ce qui lui fait mal et de remédier immédiatement à la situation pour limiter les dommages.

La douleur est dite chronique lorsque la sensation douloureuse excède trois mois et devient récurrente. Les conséquences des douleurs chroniques sont autant organiques (hypertension artérielle secondaire, atrophie musculaire) que psychologiques, avec une modification comportementale pouvant aller de la dépression, l’anxiété, jusqu’à des troubles de la dépersonnalisation avec risque suicidaire accru.

 

La douleur est avant tout une perception des stimuli qui nous entoure, une indication que le corps est à quelque part en souffrance tissulaire ou est en potentielle lésion. Le système nerveux central doit aussi moduler l’intensité des signaux en fonction de plusieurs paramètres. C’est donc un système d’alarme pour garder l’intégrité de notre organisme. Parfois le signal est très fragile et sonne pour un rien, tandis que parfois il est plus robuste au déclenchement ; on parle ici de seuil de douleur. Toute information du corps est transmise avec des influx nerveux vers le chef de la perception consciente, soit le cortex cérébral, situé à la périphérie de notre cerveau par des voies particulières de la moelle épinière. Ce sont des regroupements de neurones qui permettent en groupe de relayer l’information douloureuse du corps (membres supérieurs, inférieur, tronc, tête et cou) vers le cerveau qui analysera l’information et permettra la sensation et la prise de décision en fonction de cette dernière. La sensibilité de notre alarme dépend en partie de notre état physiologique et de nos habitudes : sommeil, alimentation, activité physique, stress.

Étant donné que le cerveau est le siège de beaucoup de fonctions, telles les émotions, l’organisation, l’attention la mémoire, la motricité et la posture (j’en passe bien sûr). L’information douloureuse (nociceptive) peut entrer en relation avec ces fonctions et les court-circuiter. Certaines fonctions déjà mises en place peuvent aussi accentuer ou diminuer la sensation consciente de la douleur comme les émotions ou la relation perceptuelle de la douleur en lien avec la situation survenue. Ainsi, certains individus n’auront pas la même perception de la douleur puisque chaque individu a un état émotionnel différent, une perception environnementale différente et puisque les valeurs et vécues de chacun sont complètement différentes. On parle même d’effet nocebo, qui est le cousin de l’effet placebo, qui peut être délétère pour une personne qui reçoit un traitement si les conditions d’administration sont vécues comme étant traumatisantes, inconfortables ou hostiles. Le traitement de la douleur est donc très complexe et demande une approche multidisciplinaire. Une multitude de pathologies plus complexes les unes que les autres amène son lot de douleur lorsque l’on pense aux douleurs lombaires chroniques (que la majorité de la population aura ressenti au moins une fois dans sa vie), la douleur du membre fantôme, les migraines, les douleurs neuropathiques, les douleurs arthritiques la douleur cancéreuse et j’en passe. Par chance plusieurs professionnels peuvent aider pour la gestion des douleurs. Plusieurs médicaments existent permettant de bien contrôler la douleur, il existe aussi des moyens complémentaires comme la physiothérapie, l’ostéopathie, l’acupuncture qui peuvent accompagner les personnes aux prises avec d’importantes douleurs. C’est avec un travail d’équipe qu’on arrivera à contrôler cette alarme qui parfois ternie un peu notre niveau de vie.

Références

  • Marchand, S. (2008). The physiology of pain mechanisms: from the periphery to the brain.Rheumatic Disease Clinics of North America34(2), 285-309.
  • Aslaksen, P. M., & Lyby, P. S. (2015). Fear of pain potentiates nocebo hyperalgesia.Journal of pain research8, 703.
  • Petersen GL, Finnerup NB, Colloca L, et al. The magnitude of nocebo effects in pain: a meta-analysis.2014;155(8):1426–1434.
  • Colloca L, Benedetti F. Nocebo hyperalgesia: how anxiety is turned into pain.Curr Opin Anaesthesiol.2007;20(5):435–439
  • Benedetti F, Lanotte M, Lopiano L, Colloca L. When words are painful: unraveling the mechanisms of the nocebo effect. 2007;147(2):260–271
  • Peters, M. L. (2015). Emotional and Cognitive Influences on Pain Experience.
  • http://www.inserm.fr/thematiques/neurosciences-sciences-cognitives-neurologie-psychiatrie/dossiers-d-information/douleur (consulté le 01 novembre 2015)
  • http://www.iasp-pain.org/Taxonomy (consulté le 01 novembre)

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